En cette fin des 80’s, NIGHT RANGER ressent le besoin de faire une pause après avoir été en pleine bourre plusieurs années non-stop depuis ses débuts. Jack Blades a quitté le groupe pour se consacrer, en compagnie de Tommy Shaw et Ted Nugent, à DAMN YANKEES, un supergroupe qui a marqué le début des 90’s. Ce fut pour le label MCA l’occasion de publier en 1989 un Greatest Hits (qui fut certifié disque d’or aux USA) et, en 1990, un Live In Japan qui retranscrit une prestation live de NIGHT RANGER lors de son passage au Japon durant sa tournée 1988-1989.

La setlist de NIGHT RANGER, pour se live, est constituée de 12 titres, tous issus du répertoire de Jack Blades et ses acolytes. Pour ce concert, Alan Fitzgerald n’est pas préposé aux claviers puisqu’il était déjà parti avant que le groupe ne mette en boite son 5ème album studio Man In Motion (sorti en 1988, pour rappel). C’est donc Jesse Bradman (connu pour avoir offert ses servies à Eddie MONEY, SAINTS & SINNERS, POISON, UFO, Aldo NOVA, entre autres…) qui occupe son poste pendant la tournée 1988-89.

NIGHT RANGER défend son 5ème album sur scène puisque 4 titres issus de celui-ci figurent sur la setlist. Par contre, et c’est surprenant, aucun titre issu de Big Life (sorti en 1987, pour rappel) n’est présent, alors qu’il avait eu un peu de succès en son temps. Par ailleurs, Seven Wishes (1985) est représenté 2 fois, le premier album Dawn Patrol une seule fois et Midnight Madness, l’album le plus vendu du groupe, 5 fois. D’emblée, NIGHT RANGER reçoit un accueil chaleureux de la part du public japonais et démarre les hostilités avec le mid-tempo « Touch Of Madness » qui met en exergue un groupe bien en place qui, tel un diesel, monte en puissance, se lâchant même avec un final pétaradant. Celui-ci enchaine avec les classiques « When You Close Your Eyes », « Man In Motion », bien ancré dans le mitan des 80’s, caractérisé ici par une version abrupte, « Four In The Morning » qui envoient bien sur scène, la troupe menée par Jack Blades délivrant pour l’occasion une prestation carrée, costaude, démontrant pour l’occasion ses qualités de très bon groupe de scène. La présence dans la setlist de « Don’t Start Thinking (I’m Alone Tonight) » permet de constater que ce titre, qui a fait un four dans les charts en 1989, possède un refrain terriblement accrocheur et aurait mérité de faire un tube plus conséquent cette année-là. Il est juste un peu dommage qu’il y ait eu, au milieu de cette performance live, une baisse de régime avec l’arrivée des ballades « Let Him Run », mise sur orbite par une intro aux guitares acoustiques soutenues de surcroit par un clavier atmosphérique, et « Goodbye ». Certes, « Let Him Run » apporte un moment de répit, mais était-ce nécessaire d’enchainer tout de go avec « Goodbye » ? Qui plus est, « Reason To Be » commence comme une ballade soft avant de s’emballer à mi-parcours avant l’arrivée du solo, se faisant plus Rock et revitalisant les musiciens à point nommé. Par contre, « Sister Christian », le plus gros succès international du groupe, prend une plus grande dimension sur scène et rappelle à quel point son refrain est une vraie arme de persuasion massive, d’autant que les musiciens se montrent impeccables, Jack Blades en profitant pour haranguer la foule. Avant le rappel, « Don’t Tell Me You Love Me » prouve une énième fois à quel point cet hymne est une tuerie intégrale en live et si, ici, la version s’en trouve un peu allongée, NIGHT RANGER envoie la purée bien comme il se doit et le moment où le claviériste calme les hostilités, faisant durer le plaisir, Jack Blades chauffe le public et lorsque le batteur Kelly Keagy introduit le solo, tous les musiciens sont à l’unisson pour repartir à l’assaut en se lâchant totalement. Arrive enfin le rappel et NIGHT RANGER joue un titre de Man In Motion, « Halfway To The Sun », qui sonne très « Def-Leppard-esque » et s’il est sympathique, il ne fait pas partie des titres les plus imparables du répertoire de la bande à Jack Blades. Le discours n’est évidemment pas le même pour « (You Can Still) Rock In America », mon titre préféré de NIGHT RANGER dans l’absolu. Là, on a droit à un final en apothéose, appuyé par l’enthousiasme du public japonais, celui-ci scandant le refrain dans le final. Pas de doute, cet hymne du Rock américain (dans tous les sens du terme) est taillé pour mettre à genoux une arena, un stade, un petit club. Bref, quoi de mieux que « (You Can Still) Rock In America » pour terminer un concert ?

En ce qui concerne la performance live de NIGHT RANGER, celui-ci envoie bien la sauce, est très pro et les musiciens ont montré leur savoir-faire sans tomber dans l’excès de démonstration. Brad Gillis confirme qu’il est un sacré six-cordiste et Jack Blades un frontman hors-pair. Si la prestation du groupe est dans l’ensemble assez bonne, il y a quand même quelques critiques à émettre. Tout d’abord, il y a ce ventre mou au milieu de la setlist avec cet enchainement de ballades et, à mon avis, une seule ballade aurait fait l’affaire. Ensuite, le concert est un peu court (il ne dure même pas une heure). De plus, il n’aura échappé à personne que certains classiques du groupe sont absents de la setlist: « Sentimental Street », « Seven Wishes », « Sing Me Away », « Big Life », « Color Of Your Smile », « The Secret of My Success ». Il y avait de quoi faire un concert plus long et, donc, proposer un live plus conséquent. En fin de compte, Live In Japan est sympa, fait passer un bon moment, mais n’est pas un live ultime.

Tracklist:
1. Touch Of Madness
2. When You Close Your Eyes
3. Man In Motion
4. Don’t Start Thinking (I’m Alone Tonight)
5. Let Him Run
6. Goodbye
7. Reason To Be
8. Four In The Morning
9. Sister Chrsitian
10. Don’t Tell Me You Love Me
11. Halfway To The Sun
12. (You Can Still) Rock In America

Line-up:
Jack Blades (chant, basse)
Brad Gillis (guitare)
Jeff Watson (guitare)
Kelly Keagy (batterie, chant)
Jesse Bradman (claviers)

Label: MCA Records

Producteur: Night Ranger