Si le nom de MAX WEBSTER ne parle pas au public européen, et même étatsunien, il n’en est pas de même au Canada où ce groupe a connu une popularité appréciable durant la seconde moitié des 70’s. Originaire de Toronto, MAX WEBSTER s’est formé en 1972, était mené par le chanteur/guitariste Kim Mitchell et comptait dans ses rangs un lyriciste/poète en la personne de Pye Dubois.

En tournant sans relâche, MAX WEBSTER s’est forgé une certaine réputation à la force du poignet et il faut attendre l’année 1976 pour voir la situation se débloquer pour cette formation de Toronto puisque, après avoir signé chez Taurus Records, celle-ci a mis en boite son premier album studio, sans titre et l’a sorti le 3 mai 1976. 

A l’écoute de ce premier album, il est aisé de comprendre l’importance de MAX WEBSTER dans l’Histoire du Rock canadien (au sens large du terme). Ce groupe se montre d’emblée capable de délivrer un Hard Rock inspiré, ce qu’il démontre avec brio sur « Hangover », un morceau énergique appuyé par un tempo soutenu, sur lequel Kim Mitchell module remarquablement sa voix (tantôt grave, tantôt plus énervée, haut perchée), lui apporte un plus considérable, tout comme les quelques notes de claviers, proto-New-Wave dans l’âme, qui apparaissent en suspens, renforçant son efficacité, sur « Here Among The Cats », un mid-tempo rampant bien ancré dans le milieu des 70’s sue lequel les guitares et les claviers s’entrelacent remarquablement, soutenant à la perfection un Kim Mitchell performant au chant, sur le punchy « Only Your Nose Knows », à forte connotation Punk, qui préfigure partiellement ce que sera la vague Punk plus tard, avec des passages plus mid-tempos pour mieux équilibrer les débats, sait se montrer à la fois catchy et déjanté, anticipant de 17 ans ce qu’a fait ensuite THE WILDHEARTS. La force de MAX WEBSTER réside dans sa faculté à mettre plusieurs parfums dans son Hard Rock, à se diversifier. Par exemple, le groupe canadien mélange adroitement Power-Pop et Hard Rock sur le rythmé et mélodique « Coming Off The Moon », sur lequel les guitares et les claviers sont à la fête, les musiciens se laissent aller à quelques improvisations, laissant même leurs aspirations progressives se manifester. Mais c’est surtout sur « Toronto Tontos » que Kim Mitchell et ses compères se sont surpassés: ce morceau, assez rigolo dans son propos, est enrobé de mélodies de claviers originales, déjantées, d’une ambiance de cirque, d’un duel guitare/clavier en solo et surtout d’un passage en français absolument délirant (« Bonjour aux amis français de malheur, nous sommes fous »). Original, décalé, ce morceau l’est assurément, ne laisse pas indifférent et c’est le genre de truc qui aurait pu plaire à Frank Zappa, en y réflechissant bien. Le Hard Rock Progressif, évoqué un peu plus haut, se manifeste très franchement sur « Lily », une compo de7’42 aux mélodies Pop dont la structure à géométrie variable permet aux auditeurs qui le veulent bien de voyager, leur permettant de s’évader dans un monde plus féérique et MAX WEBSTER s’est fendu là d’une magistrale réussite qui a tout pour plaire aux fans de RUSH, même si la bande à Kim Mitchell a su y apposer sa patte personnelle. Moulée dans un format plus court, « Summer’s Up » est une compo Pop-Rock de 2’45 recouverte de mélodies raffinées, enchanteresses, renforcée par un piano discret mais chaleureux, tandis que le chanteur, par ailleurs épaulé par des choeurs aériens, surprend lors d’un passage pendant lequel il est dans un ton plus narratif et sa voix plus grave, ce qui n’empêche nullement cette chanson d’être accrocheuse. Compo plus teintée Classic-Rock/Country-Rock bluesy, « Blowing The Blues Away » met particulièrement en avant l’aspect le plus mélodique du groupe et s’avère parfaite pour faire de la route, également taillée pour les radios Classic-Rock en raison de ses mélodies délicieuses à la guitare, à la basse. Enfin, la ballade de l’album, « Summer Turning Blue », interpelle avec ses mélodies intrigantes, son piano très présent, ses guitares acoustiques en appoint, ses choeurs grandiloquents sur le refrain et s’avère être une belle réussite, même s’il y a eu des ballades plus marquantes au cours des 70’s (en passant, les groupes de Rock n’ont pas attendu les 80’s pour faire des ballades contrairement à ce qu’affirment avec aplomb certains gugusses).

Ce premier album de MAX WEBSTER révèle donc un chanteur performant, à la personnalité bien trempée, ainsi que des musiciens de qualité, au sens de la mélodie très aiguisé. A dire vrai, on ne s’ennuie pas à l’écoute de ce disque car celui-ci surprend par instants: il s’agit d’un album de Hard Rock varié qui voit le groupe s’autoriser des incursions dans le Progressif, la Power-Pop, tout en anticipant par instants la New-Wave, le Punk. Bref, ce premier album éponyme de MAX WEBSTER est un vrai must des 70’s qui a eu son succès au Canada (il y a été certifié disque d’or 3 ans après sa sortie) et aurait mérité de se faire davantage connaitre dans le reste du monde.

Tracklist:
1. Hangover
2. Here Among The Cats
3. Blowing The Blues Away
4. Summer Turning Blue
5. Toronto Tontos
6. Coming Off The Moon
7. Only Your Nose Knows
8. Summer’s Up
9. Lily

Line-up:
Kim Mitchell (chant, guitare)
Mike Tilka (basse)
Paul Kersey (batterie)
Terry Watkinson (claviers)
Pye Dubois (lyrics)

Label: Taurus

Producteurs: Max Webster, Terry Brown & Tom Berry

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