fish-internal-exileAprès le succès de son premier album solo, Fish se met au travail pour son successeur. Mickey Simmonds aux claviers s’affirme toujours comme le principaux compositeur mais il peut aussi compter sur le soutien des guitaristes Frank Usher (déjà présent sur Virgil) et Robin Boult (remplaçant l’ancien Dire Straits Hal Lindes) qui seront qui plus est des collaborateurs de longue date. Au niveau des musiciens, l’ex Simple Minds John Giblin laisse sa place à l’ex Alan Parsons Project David Paton tandis qu’Ethan Johns s’installe derrière la batterie, malgré quelques interventions de Ted McKenna (Rory Gallagher, MSG…). Mais la collaboration la plus notable de ce deuxième album, c’est le retour du producteur Chris Kimsey, responsable du son somptueux de Misplaced Childhood et Clutching At Straws de Marillion. De ce fait, là où Virgil avait un petit côté New Wave, avec Internal Exile on retrouve le son des grandes heures de Marillion, même si le style est un peu différent. Selon son habitude, le chanteur est aller chercher l’inspiration en lui-même (le titre de l’album est on ne peut plus éloquent à ce niveau), exécutant nombre de ses démons. Mais si souvent album introspectif rime avec album intimiste (pour ne pas dire ennuyeux), ce n’est heureusement pas le cas ici.

Sur « Shadowplay », on retrouve ce mélange de puissance et de beauté présent sur les deux derniers albums de Marillion avec Fish. Ayant d’autres compositeurs, le style se fait plus direct, moins cristallin et mystérieux que quand Rothery et Kelly apportaient leurs textures. Les guitares sont plus grasses, les claviers plus Pop. Qui plus est, on décèle des influences celtiques, qui deviendront récurrentes et qui étaient complètement absentes chez son ancien groupe. Et pourtant la magie est toujours là et je retrouve une filiation plus forte avec Clutching At Straws que sur Vigil qui était pourtant sensé lui succéder. La patte de Kinsey sans doute. Et ces montées en puissance qui font toujours leur petit effet. « Credo » a un côté épique où se mélange des ambiances très blockbuster à la Chariots Of Fire, des influences celtiques et bien sûr la verve théâtrale de Fish. On retrouve sur le posé « Just Good Friends (Close) » un côté très Marillion. Guitare cristallines, basse et batterie puissantes, solo mélodique, chant passionné. La classe. On appréciera également « Favorite Stranger » et son ambiance étrange avec quelques influences de musique africaine au niveau des percussions.

Plus optimiste, « Lucky » n’aurait pas dépareillé non plus sur un album de Marillion, même si les jeux de Usher et Boult sont différents de celui de Rothery. On retrouve les montées en puissance pour exploser lors du refrain. Même chose pour le nostalgique « Dear Friend » qui nous fait prendre conscience de l’importance que Fish avait dans le son de son ancien groupe. On s’en éloigne davantage sur « Tongues », plus sombre, plus dur (Ted McKenna vient fournir sa frappe d’acier) avec quelques petites touches orientales. La basse de Paton fait gonfler le tout. Mon titre préféré de l’album. « Internal Exile » prend le contre-pied avec ce titre électro-acoustique fortement inspiré par la musique folklorique écossaise qui s’emballe à la fin dans une gigue endiablée. Trois titres bonus viennent ensuite prolonger notre plaisir. Face B de « Credo », « Poet’s Moon » a un petit côté AOR Hard qui vient se mélanger agréablement à la musique de Fish. Déjà présente sur la version CD de l’album, « Something In The Air » apporte des touches électro surprenantes mais s’adaptant curieusement bien à la musique ici. Le résultat me rappelle, en plus riche, certains titres de l’album Us de Peter Gabriel (qui sortira l’année suivante, comme quoi, cette fois on ne peut accuser Fish de copier son modèle). Le cristallin « Carnival Man » est plus dans la lignée du reste de l’album et il est même surprenant qu’il n’y ait pas été ajouté d’office. Le groupe se donne en plus à coeur joie lors d’un final très Rock.

Internal Exile est donc un très bon cru de Fish. Je le préfère même au pourtant très réussi Virgil In A Wilderness Of Mirrors. Peut-être parce que plus dans la continuité musicalement de ce que Fish avait réalisé avec Marillion… sans pour autant s’interdire d’explorer de nouveaux territoires. Pourtant l’album marcha nettement moins bien, peut-être parce que moins Pop. Mais s’il fallait retenir une oeuvre solo de Fish, ça me semblerait bien être celle-ci.

Tracklist:
1. Shadowplay
2. Credo
3. Just Good Friends (Close)
4. Favourite Stranger
5. Lucky
6. Dear Friend
7. Tongues
8. Internal Exile
9. Poet’s Moon
10. Something In The Air
11. Carnival Man

Musiciens:
Fish: Chant
Frank Usher: Guitare
Robin Boult: Guitare
David Paton: Basse
Mickey Simmonds: Claviers
Ethan Johns: Batterie (sauf 7 & 8)
Ted McKenna: Batterie (7 & 8)
Maryen Cairns: Chant
Charlie McKerron: Violon
Donald Shaw: Accordéon

Producteur: Chris Kimsey