Fatal PortraitMercyful Fate, c’est fini. King Diamond et Hank Sherman ne sont plus d’accord sur la direction musicale que doit prendre le groupe, tuant de ce fait ce qui était l’un des groupes les plus originaux de la scène Metal des 80’s après seulement deux albums. Sherman ira former le groupe d’AOR Fate, tandis que Michael Denner et Timi Hansen choisiront de poursuivre l’aventure avec le chanteur. Le batteur Kim Ruzz disparaîtra de la scène musicale pour devenir postier. Choix d’utiliser un nom déjà connu du public autant que de montrer que c’est à présent bien lui le patron, c’est le pseudonyme du chanteur qui est utilisé par le trio restant. Pour compléter la bande, sont engagés le guitariste Andy LaRoque (seul musicien à avoir traversé l’histoire du groupe avec le chanteur) et le batteur Mikkey Dee promis à une belle carrière. Ce petit monde va commencer par enregistrer un premier single « No Present For Christmas » (ajouté à certaines éditions de cet album) avant de s’atteler à leur premier album, le présent Fatal Portrait.

S’il ne propose pas encore un concept-album qui sera sa ligne de fabrique, les quatre premiers titres (la première face donc) forment un ensemble narratif, auquel on peut également joindre le dernier titre de l’album, « Haunted ». Il raconte l’histoire de Molly, une petite fille de quatre ans dont le portrait a été ensorcelé et placé dans le feu afin que son esprit puisse survivre. Celui-ci va hanter sa mère qui l’a laissée mourir en l’enfermant dans un grenier. Bref déjà les mélanges d’occulte, enfants démoniaques et synopsis alambiqués qui seront la marque de fabrique des histoires suivantes.

Après une intro étrange à grands renforts d’orgues, le groupe déballe à plein tubes avec « The Candle ». On y retrouve les caractéristiques qui feront la personnalité du groupe (batterie puissantes, riffs acérés et solos virtuoses, voix haut-perchées et crispantes), mais sans avoir encore la force d’un « Welcome Home » ou un « Spleepless Nights ». Plus sombre, « The Jonah »  exprime bien la fascination racontée par l’histoire et avec le puissant « The Portrait », on rentre bel et bien dans l’univers de King Diamond pour ne plus en sortir. Pris au piège ! Le côté plus bondissant de « Dressed In White » rappelle par moments Iron Maiden (notamment lors du duel entre Denner et LaRoque) , mais évidemment la voix de fantôme de King Diamond empêche toute forme de confusion.

Quittons à présent notre histoire pour allez vers des titres indépendants. « Charon », aurait sans problème pu se retrouver sur le successeur de Don’t Break The Oath s’il avait vu le jour. Mais évidemment, c’est la patte de Michael Denner (ici co-auteur) qui rappelle le bon vieux son de Mercyful Fate, plus rugueux, moins froid, et de nombreuses ambiances captivantes. Filant à toute vapeur, « Lurking In The Dark » est fort réussi tandis qu’ « Halloween » est une autre plongée dans l’héritage de Mercyful Fate, sombre et malsain à souhait. L’instrumental « Voices From The Past » qui permet d’apprécier la vélocité de Mikkey Dee, bien soutenu par la basse lourde de Timi Hansen, nous ramène à la dernière partie de l’histoire, « Haunted ». Bien servi par un riff monstrueux de Denner, le titre n’hésite pas à effectuer de brusques changements de rythmes pour mieux y retourner. C’est sans doute sur titre où l’on préfigure le plus les sommets vers lesquels King Diamond allait nous emmener sur les albums suivants.

S’il n’a pas encore la magie des albums suivants, s’il montre un groupe qui – bien qu’ayant trouvé son style – doit encore le peaufiner, Fatal Portrait est un album qui ouvre de fort belle manière la carrière de King Diamond (le groupe). Si les meilleurs morceaux sont à mon avis ceux réalisés avec Michael Denner (« Charon », « Halloween » et « Haunted »), King Diamond (le chanteur) montre le raconteur d’histoire de talent qu’il est et pose les pistes musicales qu’il empruntera par la suite. En bref, si on y revient peut-être moins souvent que vers Abigail, « Them », Conspiracy ou The Eye, Fatal Portrait est un album qu’il convient de ne pas négliger pour les fans de King Diamond et Mercyful Fate.

Tracklist:
1. The Candle
2. The Jonah
3. The Portrait
4. Dressed In White
5. Charon
6. Lurking In The Dark
7. Halloween
8. Voices From The Past
9. Haunted

Musiciens:
King Diamond: Chant, guitare (8)
Michael Denner: Guitare
Andy LaRoque: Guitare
Timi Hansen: Basse
Mikkey Dee: Batterie

Producteur: King Diamond, Michael Denner & Rune Höyer