a3864023183_10Wyatt Earp est le nom d’un officier américain, qui fut aussi chasseur de bisons et dont le nom est resté pour toujours associé à la fusillade d’OK Corral en 1881. Ce personnage a inspiré le cinéma (quelques films majeurs à souligner: « La poursuite infernale » avec Henry Fonda en 1946, « Règlements de compte à OK Corral » en 1957 avec Burt Lancaster, « Les Cheyennes » avec James Stewart en 1964…), mais aussi la télévision (le 8ème épisode de la saison 3 de la série « Doctor Who » en 1966, « Wyatt Earp, retour à Tombstone » en 1994) et la bande dessinée. WYATT EARP est également le nom choisi par un quintette italien au moment de sa formation en 2013.

Vu son nom, on pourrait penser que ce quintette originaire de la ville de Verone évolue dans le registre du Rock Sudiste ou du Blues-Rock. Et bien, tout faux ! Car en réalité, WYATT EARP fait plutôt partie de ces groupes qui rendent hommage au Classic Rock et au Hard Rock 70’s. On y décèle même quelques fortes influences progressives. Les influences de ce groupe renvoient à URIAH HEEP, DEEP PURPLE, LED ZEPPELIN, KANSAS.

D’ailleurs, le premier album éponyme de ce quintette de Verone, publié chez Andromeda Relix et sorti en 2018, confirme qu’on a bel et bien affaire à du Hard Rock 70’s. Les compos, pour la plupart, sont très structurées et si WYATT EARP ne paie pas de mine à première vue, il s’y entend pour fournir du travail solide, sérieux et faire parler son savoir-faire au service de l’efficacité. Le mid-tempo « Dead End Road », chargé de démarrer les hostilités et groovy juste comme il faut, n’a pas son pareil pour nous envoûter grâce à des ambiances variées, des nuances qui lui confèrent une certaine richesse et, par la même occasion, on admire le solo de gratte véloce, ainsi que la section rythmique en béton armé qu’assène WYATT EARP. Le titre suivant, « Ashes », est également un modèle de composition intelligemment troussée: le début est plutôt aigre-doux, mélancolique, puis au bout d’une cinquantaine de secondes, le morceau monte en puissance avec un chant qui se fait plus hargneux et des riffs bluesy plus menaçants pour atteindre son paroxysme lorsque le tout s’emballe, se fait plus remuant. On note une belle transition entre moments lugubres, poisseux et passage final plus furibard. Ce titre vivant s’avère être une excellente trouvaille, d’autant que chaque musicien s’éclate en s’autorisant quelques improvisations bien senties. WYATT EARP n’hésite pas à durcir sensiblement le ton en envoyant la sauce sans complexe et le démontre sans complexe sur « Live On », un titre foncièrement Hard Rock n’ Roll très spontané qui donne franchement envie de secouer la tête et affiche ouvertement ses relents Boogie, ou encore sur « Back From Afterworld », un up-tempo incisif, joué sur le fil du rasoir qui voit la section rythmique (ayant visiblement le feu aux fesses) maintenir la pression sans relâche, le guitariste asséner un solo véloce, mais non dénué de feeling, mais dont le final surprend de manière inattendue lorsque le groupe se met à ralentir la cadence pour achever la chanson en douceur. Quoi qu’il en soit, dans un cas comme dans l’autre, ces titres ont de quoi mettre d’accord sur scène.

Dans le descriptif du groupe, on avait évoqué les relents progressifs présents dans sa musique. On les trouve sur « With Hindsight », une pièce Hard Prog à tiroir au parfum bluesy très prononcé et constamment présent, qui se signale surtout par des passages intenses, épiques du plus bel effet, un solo de guitare qui pleure à couper le souffle et un bon équilibre entre passages tourmentés et moments de sérénité. Et si l’impression de ce titre est assez positive, on n’a encore rien vu. WYATT EARP met en effet les petits plats dans les grands sur « Gran Torino », un titre alambiqué de 12 minutes aux ambiances variées qui tient l’auditeur en haleine de bout en bout avec des passages turbulents, des claviers qui distillent une atmosphère particulière au bout de 3 minutes. On tient là un bel exemple de compo à géométrie variable avec des ambiances différentes (parfois sombres, voire flippantes), des mélodies qui font bien progresser le morceau en faisant voyager l’auditeur et le résultat est simplement magistral.

Ce premier album éponyme de WYATT EARP constitue une des bonne surprises dans le genre de l’année 2018. En l’écoutant les yeux fermés, on croirait entendre un disque sorti en 1975/76. Les compos sont travaillées, structurées avec justesse, intelligence. Les musiciens, sans être hors-normes, demeurent excellents, bien synchronisés entre eux en font preuve d’une épatante maturité en sachant allier habilement savoir-faire technique (mais sans jamais déborder) et feeling, émotion. Ce qui est bien avec cet album, c’est qu’il est varié à souhait, ce qui fait qu’on ne tombe pas dans la monotonie. Voilà un disque qu’on a envie de se repasser de temps en temps. Maintenant, on espère à l’avenir confirmation, voire amélioration de la part de ce quintette italien.

Tracklist:

1. Dead End Road
2. Ashes
3. Live On
4. With Hindsight
5. Back From Afterworld
6. Gran Torino

Line-up:
Leonardo Baltieri (chant)
Matteo Finato (guitare)
Flavio Martini (claviers)
Fabio Pasquali (basse)
Silvio Bissa (batterie)

Label: Andromeda Relix