R-1391010-1269898293.jpegIl devait être écrit dans les astres que Rainbow ne réaliserait jamais deux albums avec la même formation. Ainsi, ayant viré Jimmy Bain, Richie Blackmore commencera à enregistrer les parties de basse sur Long Live Rock ’n’ Roll avant d’engager Bob Daisley (de Mungo Jerry et Widowmaker) pour terminer l’album. De même, Tony Carey claquera la porte au début des enregistrements et sera remplacé par David Stone. Si Rising comportait des influences Progressives assez prononcées, avec Long Live Rock ’n’ Roll, Blackmore semble vouloir aller vers une musique plus immédiate. Sous l’influence de Dio et Cozy Powell, le Hard Rock de Rainbow flirtera fortement avec le Heavy Metal et il est indéniable que cet album eu énormément d’influence sur les jeunes groupes s’apprêtant à conquérir le monde.

Intro de batterie pétaradante, riff de guitare ‘right between the eyes’ et chanteur haranguant son auditoire à coup de « Rock N Roll ! », la chanson-titre s’inscrit immédiatement comme un hymne Hard Rock. Rainbow a trouvé son titre carte de visite, celui qui les fera passer à la postérité comme un des grands groupes du style. Faiseur de riff mémorable, Blackmore n’en est bien sûr pas à son coup d’essai, et tous les ingrédients pour en faire un classique des stades sont réunis. Rainbow plonge tête la première dans le Heavy Metal avec le sombre « Lady Of The Lake » et son riff martelé avec une précision diabolique, soutenu par un Cozy Powell que l’on pourrait bien considérer comme l’inventeur du jeu de batterie Metal. On retrouve cette dimension épique qui distingue particulièrement Rainbow des précédents travaux de Blackmore. « L.A. Connection »  semble à mi-chemin entre le Hard Rock de « Long Live Rock ’n’ Roll » et le Heavy Metal de « Lady Of The Lake ». Le morceau est un peu trop répétitif pour être aussi convaincant que les deux premiers, mais il est reste plus que convenable. Avec « Gates Of Babylon », Blackmore veut également écrire son morceau épique oriental, comme Led Zep l’avait fait pour « Kashmir ». Cependant, il s’agit nullement d’une réécriture du classique de Page & Co, car Rainbow va vers un style plus virevoltant. Et là où « Kashmir » pourrait illustrer une caravane faisant une longue traversée dans le désert, « Gates Of Babylon » nous fait penser à un assaut de la mythique citée antique. La voix très lyrique de Dio augmentant encore l’aspect dramatique.

On a à peine le temps de reprendre notre souffle, encore émerveillés, que déboule « Kill The King ». Enfin une version studio de ce titre qui ouvrait les concerts du groupe depuis deux ans (comme le prouve On Stage). Il s’agit d’un titre Speed dans la lignée des « Highway Star » et « Burn ». Bref, on sent encore l’influence de Deep Purple, même si la frappe plus lourde de Cozy Powell et le chant plus lyrique de Ronnie James Dio nous indique que nous sommes ailleurs. De quoi se dévisser les cervicales à coup sûr, particulièrement pendant le solo. C’est ensuite un solo gorgé de flanger qui nous conduit vers « The Shed (Subtle) », un titre lourd est limite Heavy Metal dont le riff n’est pas très éloigné de celui de « God Of Thunder » de Kiss. On n’en voudra pas à Blackmore tant ce titre est jubilatoire. Curieusement, « Sensitive To Light » n’est pas sans rappeler la période Coverdale/Hughes de Deep Purple, et on a aucun mal à imaginer les deux compères chanter ce titre en duo. Ballade d’inspiration médiévale, « Rainbow Eyes » apporte une fin toute en douceur après tous les décibels que nous avons reçus. La performance de Dio est magnifique, douce et mélancolie, au point que l’on ne peut que regretter qu’il ne se soit plus vraiment essayé aux ballades après son départ de Rainbow.

Car hélas Long Live Rock ’n’ Roll marque la fin de la collaboration entre Ritchie Blackmore et Ronnie James Dio et par là même, la fin du ‘vrai’ Rainbow (même si, nous nous trompons pas, le groupe vivra encore de très belles heures par la suite, mais très différentes). En effet, Blackmore a été séduit par la vague AOR montante et à plutôt envie d’aller du côté des Foreigner et Journey plutôt que de continuer à faire du Hard Rock/Heavy Metal à thématique Fantasy. Dio ne l’entendra pas de cette oreille et claquera la porte. Des trois albums qu’ils ont réalisés ensemble, Long Live Rock ’n’ Roll est sans doute le plus facile d’accès et peut-être aussi le plus abouti. Leur meilleur album ? Ça se discute, mais pourquoi pas…

Tracklist:
1. Long Live Rock ‘n’ Roll
2. Lady Of The Lake
3. L.A. Connection
4. Gates Of Babylon
5. Kill The King
6. The Shed (Subtle)
7. Sensitive To Light
8. Rainbow Eyes

Musiciens:
Ronnie James Dio: Chant
Ritchie Blackmore: Guitare, Basse
Cozy Powell: Batterie
Bob Daisley: Basse (4, 5, 7)
David Stone: Claviers (2, 4, 5, 6)

Producteur: Martin Birch