standinghamptonOn a souvent tendance à réduire Sammy Hagar à sa participation, souvent assez controversée, à Van Halen. Ce serait oublier qu’il avait déjà plus de dix ans de carrière depuis le premier Montrose en 1973 et qu’à l’heure où il remplaçait David Lee Roth, il était déjà une star à part entière grâce à sa carrière solo. C’est justement ce Standing Hampton qui permit au Red Rocker, comme on l’appelle, de faire exploser une carrière solo qui peinait à démarrer vraiment. Le groupe du chanteur (et guitariste, ne l’oublions pas car à ce petit jeu il est loin d’être un manchot) comporte ici deux fidèles qui le suivent depuis longtemps déjà: Bill Church, bassiste du premier Montrose, qui participera à chaque album jusqu’à ce Sammy rejoigne Van Halen, et le guitariste Gary Pihl. A la batterie, c’est un petit nouveau, David Lauser, mais amené à une longue collaboration car il participera à presque chaque album et rejoindra les Waboritas, le backing band depuis les années 2000.

« I’ll Fall In Love Again » est parfait pour entamer les hostilités. C’est frais, c’est naïf, ça sent le printemps. Pas de gros riffs qui tache, pas de rythme effréné (ce sera pour le titre suivant), mais un titre lorgnant vers un AOR pas sirupeux pour un sous et parfait pour séduire une fille qui ne s’enfuirait pas au moindre accord de guitare overdrivé. « There’s Only One Way To Rock », c’est le titre d’Arena Rock ultime (d’ailleurs Van Halen le reprendra fréquemment, c’est dire !). Gros riff imparable, refrain tout de suite mémorable, Sammy vient de créer un hymne de Rock immortel. « Baby’s On Fire » est dans la lignée du premier titre mais un poil plus hard. Troisième titre, troisième tube. Il n’y a pas à dire il y va fort, et je vous mets au défi de ne pas avoir envie de chanter le refrain en choeur. Avec sa boucle de synthétiseur à la « Baba O’Riley » et ses power chords, « Can’t Get Loose » aurait pu servir de BO à un film de l’époque. Ce n’est pas un hasard si par la suite Sammy fut souvent sollicité pour les bandes sons de film, de Footloose à Back To The Future II en passant par Fast Time At Ridgemont High. D’ailleurs, le titre suivant, « Heavy Metal », avait servi pour le film d’animation du même nom (Metal Hurlant en français, d’après le célèbre magazine à l’origine du projet), même si cette version n’est pas celle du film. Composé avec monsieur tube lui-même (non pas Desmond Child, mais celui de la première moitié des 80’s, à savoir Jim Peterik de Survivor), le titre dispose d’un gros riff qui fait mouche et d’un refrain qui s’accélère. Personnellement, ça n’a jamais été ma préférée de Hagar, mais il faut reconnaitre que dans le genre c’est efficace.

La seconde partie de l’album n’est malheureusement pas aussi enthousiasmante que la première. « Baby, It’s You » est un titre de AOR sympa mais sans plus. « Surrender » n’est pas une reprise de Cheap Trick mais un titre qui oscille entre Reggae et Rock. Inutile de dire que le morceau de Cheap Trick est bien plus enthousiasmant (le refrain de ce morceau-ci est un peu trop bateau).  Avec ses saxo un brin swing, le très AOR « Inside Lookin’ Out » est plutôt réussi et apporte un rythme dansant communicatif. Plus rapide, « Sweet Hitchhiker » se consomme également avec plaisir mais aurait mérité un plus gros son, plus Hard. Les choeurs sur le refrain préfigurent cependant déjà Van Halen. L’album termine par une reprise de « Piece Of My Heart », un titre popularisé par Janis Joplin. Vu le timbre éraillé de notre chanteur la filiation est évidente, mais je ne peux m’empêcher de me dire que reprendre ce classique est un peu sombrer dans la facilité (Rough Cutt le fera également dans une version plus Hard). Quitte à reprendre du Joplin, j’aurais préféré voir ce que Sammy aurait fait de « Try (Just A Little Bit Harder » ou « Move Over ». Mais sans doute que cela rassurait Geffen d’avoir un titre dont la réputation de tube n’était plus à faire.

Standing Hampton (expression d’argot cockney pour dire une érection) est donc un album assez inégal avec une première partie de très haut niveau et une seconde agréable mais guère mémorable et sans doute un peu trop sage. Cependant, les meilleurs titres valent sans conteste l’acquisition de l’album qui connu un très joli succès (disque de platine) et fit décoller la carrière solo du chanteur après six ans d’essais.

Tracklist:
1. I’ll Fall In Love Again
2. There’s Only One Way To Rock
3. Baby’s On Fire
4. Can’t Get Loose
5. Heavy Metal
6. Baby, It’s You
7. Surrender
8. Inside Lookin’ In
9. Sweet Hitchhiker
10. Piece Of My Heart

Musiciens:
Sammy Hagar: Chant, guitare
Gary Pihl: Guitare
Bill Church: Basse
David Lauser: Batterie

Producteur: Keith Olsen