51l+b3NjNTLEnregistré courant 1981 dans une ambiance houleuse – Phil est en phase de rupture avec sa compagne, et les relations entre Snowy White et le reste du groupe ne sont pas vraiment au beau fixe – ce disque ne présageait rien de bon. Et pourtant …

Force est de constater que le groupe n’est jamais allé aussi loin dans l’aventure musicale, à des années lumières du son imposé par les nouveaux nés de la NWOBHM. Tour est finesse et subtilité, même dans ce brulôt qui ouvre l’album, j’ai nommé le pamphlet anti militariste « angel of death ». (dont il existe une version alternative avec différentes paroles dans la série bootleg « a man and his music »).
La suivante « Renegade » nous ouvre les méandres complexes de la personnalité de Phil, qu’il juge autobiographique sans pour autant nous en donner les clés. « He’s just a boy, that has lost his way » nous renvoie à ce déséquilibre constant caractérisant le personnage, situé quelque part entre le rocker méchant et bagarreur et le dandy au coeur tendre. C’est, à titre personnel, mon titre préféré de Lizzy, et, ironie du sort, la trame musicale, reposant sur une alternance entre séquences calmes et moments plus énervés, est signée Snowy White.
« The pressure will blow » et « Leave this town » nous offrent un Lizzy plus conventionnel, hard rock d’orfèvres qui a toujours été sa marque de fabrique… les guitares ont la part belle sur des envolées lyriques en duo à la tierce, bref, les ingrédients Lizzy sont en place et il faut remarquer – bien des années après – à quel point la paire White/Gorham était au point.
« Hollywood » et « no one told him » continuent ce périple dans du Lizzy classique, toutefois avec des paroles assez engagés à nouveau : la première nommée est une critique ouverte du faste hollywoodien, Phil reprochera toujours aux américains de ne pas avoir su être sensibles à sa poésie d’une part, et de ne pas avoir tenu compte de sa santé fragile qui a fait annuler bien des projets de tournées d’autre part. La seconde à l’inverse est une histoire toute simple dans laquelle Phil s’adresse
à une amie qui a sans doute raté l’amour de sa vie.
« Fats » ouvre la voix à un Lizzy très Jazzy, solo de piano (Darren Wharton) et basse fretless à l’appui. Phil prend un ton rocailleux, tout droit sorti de ces clubs rythm’n’blues dublinois qu’il fréquentait dans
sa jeunesse. C’est un titre méconnu du groupe, jamais joué sur scène, mais ça n’en reste pas moins un grand moment, toutes époques confondues.
Enfin, les deux derniers titres « mexican blood » et « it’s getting dangerous » ont un son inhabituel à nouveau, le premier hispanisant à tout va, percus et guitares à l’appui afin d’illustrer l’histoire d’un
homme dont l’amie est assassinée. Le second évoque, à travers la fuite en avant du temps, les liens perdus entre Phil et un ex ami d’enfance.
Autobiographie là encore « i remember him when we were friends, when we were young … » le rythme particulier qui débute la chanson donne une impression d’angoisse, d’attente, mais très vite on se retrouve plongé dans un mid tempo conventionnel (pas au sens péjoratif du terme bien sur !) … ceci dit, la mélodie est magnifique, l’émotion de la voix de Phil – grande affaire de tout album de Thin Lizzy – jailllit de toute part.
Ce disque fut un bide monumental, les die hard fan en voulant énormèment à Snowy sur le plan de son attitude scènique lors de la tournée précédente, et considérant que le groupe se fourvoyait dans le rock, et perdait de son identité hard rock. Réhabilité depuis, il est le préféré de bien des fans, ou du moins très aimé par ces derniers. Pour ma part, c’est mon disque de chevet, parce que bien au delà de la musique, des paroles, de tut ce que l’on veut, j’y ai découvert un artiste renversant, attachant, magnifique, une personnalité exceptionnelle, un moment magique et ultime d’humanité. Merci Phil.

Il existe un autre titre sorti de ces sessions d’enregistrements, qu’on retrouve une fois de plus sur la série « a man and his music » … ce titre s’appelle « don’t let him sleep away », et franchement, c’est un grand morceau, de plus de 7 minutes, non retenu à l’époque du fait du manque de place sur un 33 T.

Tracklisting :
1. Angel of Death
2. Renegade
3. The Pressure Will Blow
4. Leave This Town
5. Hollywood (Down on Your Luck)
6. No One Told Him
7. Fats
8. Mexican Blood
9. It’s Getting Dangerous

Musiciens :
Philip Lynott-Chant et basse
Scott Gorham-guitare
Snowy White-guitare
Brian Downey-batterie
Darren Wharton-claviers

Producteur : Chris Tsangarides

Label : Vertigo

Auteur : Thierry