Babylon A.D. de San Francisco compte parmi les légendes inconnues du Glam Metal. Ils ont débarqué bruyamment en 1988 avec leur excellent premier album éponyme puis ont enchainé avec un second effort brillant. Néanmoins, paysage musical des 90s oblige, leur histoire a été cabossée, avec des hiatus répétés. Il y eut un petit retour fin 90s/début 00s avec un live et un album (mauvais), mais leur vrai retour a eu lieu au milieu des années 2010s, avec notamment un album chez Frontiers et pas mal de tournées. Ils sortent maintenant leur cinquième album studio chez Perris Records.

L’album s’ouvre donc sur le single « Wrecking Machine » qui laisse présager le meilleur. Avec sa batterie frénétique et une ligne de basse groovy, Babylon A.D. montre ses atouts avec talent et énergie. Derek Davis chante toujours aussi bien. Contrairement à la liste interminable de chanteurs des 80s à avoir perdu la voix de leur jeunesse, Derek se conserve très bien. Ce morceau hard rock est plutôt bon grâce à un bon refrain et une synergie efficace entre les instruments. Néanmoins, sur cet album, Babylon A.D. se détache du bon vieux Hard US teinté de sleaze qui avait fait sa réputation. C’est d’autant plus flagrant sur « Pain », un mid-tempo impérial au solo flamboyant qui ressemble un peu aux albums les plus récents des Bulletboys. « Sometimes Love Is Hell » est un morceau lent, à mi-chemin entre ballade et complainte chère aux groupes gothiques qui lorgne du côté de Bang Tango. Sans casser trois pattes à un canard, il s’agit d’un des meilleurs morceaux de l’album. La chanson-titre et sa basse ronronnante lui succède. C’est un bon morceau de hard rock avec un refrain accrocheur qui s’écoute avec plaisir. « Looking For A Heartbeat » est un morceau plus léger et mélodique, avec un riff gracieux et des couplets aériens qui constitue grosso modo ce qu’il y a de plus radiophonique ici. C’est efficace et accrocheur. Retour à un rock plus sombre avec la ballade déchirante « I Will Never Break Again » nourrie aux arpèges de guitare sèche aussi noirs que Sin City. La chanson prend en puissance de façon progressive jusqu’à un sommet apocalyptique qui est simplement envoutant. Un de mes morceayx préférés. « White Hot Bullet » est clairement un des morceaux qui auraient pu se retrouver sur le précédent album du groupe. Le riff comme les couplets ont ce gros son qui caractérise tant Babylon A.D. Dommage que le morceau ne soit pas très marquant. On lui préfèrera le plus intéressant (mais pas bon pour autant) « Crashed Into The Sun », qui mélange les ambiances aériennes du refrain avec un propos plus rock sur les couplets. La power ballad « Face Of God » lui succède. Elle est plutôt sombre mais pas très mémorable. « Shut Up » est le morceau le plus typé Hard US de cette livraison. Avec sa basse démente, son groove démoniaque et ses riffs aiguisés, on retrouve le Babylon A.D. qu’on connaissait très bien. Un favori. L’instrumental « Super Beast » ponctue l’album dans la continuité de « Shut Up », avec un déferlement d’énergie. L’album se clôt ainsi de façon positive. Au final, cet album a su se rattraper. En effet, il m’a un peu perdu vers la fin (entre « I Will Never Break Again » exclu et « Shut Up »exclu).

Bref, cet album se laisse écouter. Il est plutôt bien composé, avec des arrangements recherchés. Sans marquer une rupture nette avec les autres albums du groupe, Babylon A.D. innove et s’éloigne du gros son Hard US en assombrissant sa musique. Les compos sont travaillées mais pas très inspirées, nonobstant on ressent la passion qui a été insufflée dans la réalisation de ce cinquième effort. . Ce n’est certainement pas l’album le plus mémorable de ce bon groupe mais il n’a pas à en rougir, car il s’écoute sans déplaisir (même si on ne risque pas de le ressortir de sitôt). Meilleur qu’American Blitzkrieg, mais bien en dessous de l’éponyme, de Nothing Sacred et même de Revelation Highway. Le son est pourri, par contre.

Tracklisting :
1. Wrecking Machine
2. Pain
3. Sometimes Love Is Hell
4. Rome Wasn’t Built In A Day
5. Looking For A Heartbeat
6. I Will Never Break Again
7. White Hot Bullet
8. Crashed Into The Sun
9. Face Of GOD
10. Shut Up
11. Super Beast

Line-Up :
Derek Davis – chant, clavier, guitare
Ron Freschi – guitare solo
John Mattews – guitare solo
Craig Pepe – basse
Dylan Soto – batterie