Le nom de John Nitzinger est peut-être familier auprès des personnes qui ont bien connu les 70’s et le début des 80’s. Ce guitariste avait en effet exercé ses talents au sein de BLOODROCK au début des 70’s et, quelques années plus tard, avait collaboré avec ALICE COOPER entre 1981 et 1983, ayant même participé à l’enregistrement de Zipper Catches Skin (1982), le 7ème album solo du Coop’.

Entre-temps, John Nitzinger avait lancé son propre groupe, NITZINGER, au début des 70’s dans la foulée du succès de BLOODROCK et avait signé un contrat chez Capitol. Chez ce label, NITZINGER a sorti son premier album studio, sans titre, qui a été produit par Jim Rutledge, qui était alors chanteur et batteur au sein de BLOODROCK.

Cet album est pour John Nitzinger l’occasion de montrer tout ce qu’il a dans le ventre et celui-ci propose un ensemble qui oscille entre Hard Rock, Blues Rock et Boogie-Rock. Les compos typées Hard Rock font souvent mouche, qu’il s’agisse du mid-tempo « Louisiana Cock Fight », groovy et entêtant à souhait, enrobé de riffs acerbes, de solos distillés à bon escient qui donnent un bon aperçu du savoir-faire de John Nitzinger avec cet instrument; de l’énergique « Witness To The Truth », appuyé pzr une rythmique vive, dynamique, des guitares incandescentes, eruptives qui dominent les débats en occupant résolument l’espace sonore, « My Last Goodbye », qui est plus ou moins du même acabit et se voit quand même nuancé par un passage Blues calme, plus apaisé dans le final, que personne n’attendait, ou encore « King’s X », un brûlot Heavy-Rock enrobé de guitares crues, crunchys, de vocaux hargneux, ainsi que de quelques notes de piano et de discrètes nappes de claviers atmosphériques qui viennent enrichir ce morceau, suscitent sa curiosité en lui conférant un caractère futuriste. A n’en point douter, ces titres cochent toutes les cases pour plaire aux amateurs de Hard Rock US 70’s. Et « Ticklelick », brûlot Hard Boogie, déboite avec un rythme endiablé, des guitares incandescentes (les talents de six-cordiste de John Nitzinger sont palpables ici , notamment sur ses solos), donne une pêche d’enfer et s’avère particulièrement jouissif. « Hero Of The War », titre connoté Hard Rock/Classic-Rock, est plus teinté de tristesse, montre une approche plus sensible, plus émotive du groupe et s’il est intéressant, il aurait toutefois pu être amélioré, certaines idées auraient gagné à être plus développées. NITZINGER fait la jonction entre Hard Rock et Blues Rock sur le mid-tempo « The Nature Of Your Taste » qui alterne entre couplets mélodiques et refrain plus musclé, plus goûtu sur lequel des choeurs féminins échangent avec le chant de John Nitzinger et le résultat est fort appréciable. Sur le terrain du Blues-Rock, justement, le mid-tempo « Boogie Queen » parvient à convaincre grâce à un feeling très prononcé, chargé d’émotion, à une rythmique raffinée, un vocaliste impérial, quelques discrètes notes de piano qui viennent se greffer à l’ensemble, sans oublier que ce titre s’emballe à mi-parcours; et « L.A. Texas Boy », enjoué à souhait, est bien arrangé avec des guitares électriques et acoustiques qui s’entrelacent, une basse qui claque bien, un solo qui envoie, une batterie pétaradante, quelques choeurs féminins. 2 ballades sont également de la partie. L’acoustique « No Sun », sur laquelle la voix de John Nitzinger est plus posée, plus voilée, grave et qui voit un piano, suivi de quelques choeurs féminins intervenir dans sa dernière partie, est passable, sans plus, pas irrésistible en tout cas. « Enigma » apparait plus apte à convaincre: cette ballade poignante se caractérise par de somptueux arrangements avec des guitares acoustiques qui apportent une touche de douceur, un piano qui donne le change, des choeurs expansifs sur le refrain et, ayant probablement servi (au moins en partie) d’influence à QUEEN, s’impose comme une magistrale réussite, mais aussi une des ballades les plus sous-estimées des 70’s.

Ce premier album de NITZINGER, dans le style Hard Rock/Blues-Rock, est donc de qualité avec des compos de bonne facture. Il valorise fort bien les talents de guitariste de John Nitzinger qui apparait comme un des guitar-heroes américains les plus méconnus, les plus sous-estimés. Cet album de NITTZINGER est de ceux qui ont contribué à façonner le Hard Rock US dans les 70’s et mérite plus de considération. Il lui a juste manqué un hymne dévastateur qui tue tout pour se hisser au niveau des incontournables de KISS, AEROSMITH, GRAND FUNK RAILROAD, Ted NUGENT, entre autres. Pour l’anecdote, ce premier album de NITZINGER s’était classé 170ème dans le Top album américain à l’époque et s’y était maintenu durant 8 semaines.

Tracklist:
1. L.A. Texas Boy
2. Ticklelick
3. No Sun
4. Louisiana Cock Fight
5. Boogie Queen
6. Witness To The Truth
7. The Nature Of Your Taste
8. My Last Goodbye
9. Enigma
10. Hero Of The War
11. King’s X

Line-up:
John Nitzinger (chant, guitare)
Curly Benton (basse)
Linda Waring (batterie)

Label: Capitol

Producteur: Jim Rutledge