
Dans la catégorie des comètes du Rock (au sens large du terme), SPEEDWAY BLVD. se pose là. On peut même ajouter que ce groupe a longtemps fait partie des secrets les mieux gardés du Hard FM, du Rock américain des 70’s/80’s dans sa plus grande acceptation du terme puisqu’il a fallu que le label Rock Candy réédite en 2014 son unique album (avec une remastérisation à la clé) pour que de nombreux fans de Rock découvrent (ou redécouvrent) son existence.
Ce groupe new-yorkais était au départ un projet studio et il a réuni des musiciens qui, quelques années plus tard, allaient accéder à plus de reconnaissance: le bassiste Dennis Feldman (futur BALANCE) et le claviériste Jordan Rudess (futur DREAM THEATER). L’unique album de SPEEDWAY BLVD. est sorti en 1980 et a été distribué par le label Epic.
SPEEDWAY BLVD. évolue dans les eaux du Hard mélodique, du Hard FM/AOR, tout en intégrant ce qui était alors considéré comme dans l’air du temps. Certains titres mettent bien en valeur les compétences des musiciens qui, unis, proposent des titres qui tiennent la route. « Speedway Boulevard »; avec ses riffs crus, est un brûlot Hard Rock aux légers relents AOR assez inspiré, bien construit avec ses arrangements sophistiqués, son très bon refrain et avait le potentiel d’un classique. Le mid-tempo « Chinatown », à cheval entre la fin des 70’s et le début des 80’s, est plutôt intéressant avec son intro futuriste (en se replaçant dans le contexte de l’époque, bien sûr), ses nappes de claviers qui lui donnent un côté hypnotique, cosmique et la voix chaude du vocaliste Roy Henning Jr. lui confère un aspect plus chaleureux. Tout autant dans l’air du temps, « Dog In The Distance » fait la jonction entre le Hard Rock de la fin des 70’s et le Hard FM grandissant du début des 80’s et s’avère de bon ton avec ses choeurs nonchalants, aériens qui répondent au chant hargneux de Roy Henning Jr. Celui-ci contribue à rendre agréable « Money, Money », un titre Hard Rock sur lequel les choeurs font penser aux BEE GEES, ce qui étonne, mais à la surprise générale, ça fonctionne car il y a un beau duel constant entre les guitares et les claviers et le titre est bien troussé. On a encore un pied dans le Hard Rock des 70’s sur un titre tel que le mid-tempo « Out Of The Fire » qui se situe dans la lignée des LED ZEPPELIN, RUSH, FOREIGNER et attire l’attention grâce à un solo de guitare incendiaire. SPEEDWAY BLVD. s’est, par ailleurs, autorisé quelques expérimentations à droite et à gauche. C’est perceptible sur « (Think I Better) Hold On », un titre teinté AOR qui a comme colonne vertébrale le refrain, est très axé sur les claviers, possède un beat Reggae qui lui apporte une touche exotique, ce qui ne facilite pas son appréhension, notamment pour les fans de Rock de l’époque. C’est également perceptible sur « Prisoner Of Time », un morceau décousu au possible, et « Telephoto Lens », qui est lancé par une intro bizarroïde aux claviers qui se voulaient alors futuristes et qui a de quoi dérouter avec sa mixture Hard FM/AOR/New-Wave, le tout appuyé par un beat Disco. Fort heureusement, SPEEDWAY BLVD. parvient à se montrer plus inspiré sur « (Call My Name) Rock Magic » qui, après une intro claviers/piano aux mélodies féériques, bascule dans un Hard Rock à tendance Progressif qui ne déplairait pas aux fans de RUSH, STYX et qui est solidement ficelé grâce au travail des musiciens qui se sont là surpassés. Enfin, l’album se conclut par « A Boulevard Nite », une power-ballad courte, mais intense, travaillée, avec des arrangements fouillés et possédant même un côté théatral. Celle-ci est plutôt concaincante et il convient de souligner que la mention « Speedway Boulevard » apparait sur le refrain. L’album a commencé avec « Speedway Boulevard » et s’est conclut par « A Boulevard Nite », ainsi la boucle était bouclée.
Cet unique album pourrait être rapproché de certains travaux de STYX, FOREIGNER, voire ce qu’a ensuite fait BALANCE. Ceci dit, ce groupe avait développer sa propre identité, notamment sur la façon dont les nappes de claviers ont été traitées. Celles-ci ont contribué à donner un aspect novateur au Hard mélodique/Hard FM pratiqué par SPEEDWAY BLVD., ce qui a dû en décontenancer plus d’un. D’ailleurs, cet album n’est pas franchement radiophonique, a y regarder de plus près. Ce groupe était constitué de bons musiciens, avait un certain potentiel, mais cet album n’est pas pour autant à classer comme chef-d’oeuvre car certains titres sont déroutants et il n’y a pas vraiment de morceaux exceptionnels. A l’époque, cet album ne s’est pas vendu et, très vite, ce groupe américain a splitté, certains de ses membres ayant fini par rebondir ailleurs (Cf. Jordan Rudess et Dennis Feldman).
Tracklist:
1. Speedway Boulevard
2. Chinatown
3. (Think I Better) Hold On
4. Dog In The Distance
5. Out Of The Fire
6. Telephoto Lens
7. Prisoner Of Time
8. Money, Money
9. (Call My Name) Rock Magic
10. A Boulevard Nite
Line-up:
Roy Herring Jr. (chant, piano, percussion)
Gregg Hoffman (guitare)
Dennis Feldman (basse)
Glenn Dove (batterie)
Jordan Rudess (claviers)
Label: Epic
Producteurs: Jeffry Katz & Jerry Kasenetz