Avec leur premier album, Leño a frappé très fort et s’est imposé comme un power trio Hard Blues dans la ligné de celui de Rory Gallagher. Chiqui Mariscal ayant quitté le groupe, le bassiste Tony Urbano va cette fois enregistrer toutes les parties du nouvel album. Mais voilà, le groupe – ou plutôt Rosendo Mercado – semble considérer qu’un album de 1980 ne peut sonner comme un album de 1979. Celui-ci va donc opter pour un son de guitare à la distorsion assez faible et donnant l’impression d’être légèrement désaccordé. Un son que l’on retrouvait alors chez certains groupes de New Wave. Enregistré très vite alors que le trio est dépassé par les possibilités d’enregistrements mises à leur disposition, Más madera va être laissé aux bons soins du producteur Teddy Bautista qui va faire de son mieux, mais sans succès, pour faire sonner correctement le matériel enregistré.

Quelle surprise que ce « Insisto » très New Wave. La guitare n’est pas complètement absente, mais est tout de même en retrait dans le mix, même lors des solos – excellents comme toujours. Le hic, c’est que si la chanson en elle-même est plutôt réussies, les faiblesses de Rosendo Mercado comme chanteur se font plus évidentes. Un peu plus Rock, « ¿Dónde está la salvación? » garde le style New Wave et, malheureusement, les effets sur la guitare ne sont pas spécialement heureux. Cette fois ce sera uniquement la brève parenthèse du solo qui sauve le morceau. Avec ce Rock électro-acoustique qu’est « Sin solución », en revanche, Mercado semble se prendre pour le Rod Stewart des années 70. Si on aurait voulu des guitares plus tranchantes, cela reste tout de même plutôt agréable. « No voy más lejos » enfin de retrouver un Leño bien Rock, même si les effets sur la guitare ne sont pas heureux. Cela reste un titre assez entraînant, pas si éloigné des moments les plus Rock de la carrière de Dire Straits. Avec « Como debe ser », on pense au Rock rétro et endiablé des années 50, malgré ce toujours curieux son de guitare sur la rythmique.

On retrouve le style Blues Rock énergique à la Gallagher du premier album sur « ¡Sí señor, sí señor! »… A ceci près que les effets sur la guitare viennent encore gâcher le rendu final. Par contre, le Disco Rock « Cucarachas » est assez raté. Mercado n’est vraiment pas le chanteur qui convient au style. Heureusement que le solo est bon. « La noche de que te hablé » est un nouveau titre de Rock à la sauce New Wave avec un riff entraînant, mais il ne nous fait regretter que de plus belle l’album précédent. Avec un son de guitare plus puissant, « Calendario » aurait pu être séduisant, mais là tout cela reste trop sage malgré une basse qui groove bien. On arrive plus à y faire abstraction sur le Rock rétro de « Apágalas », mais sur « Lo que acabas de elegir » ce son faussement désaccordé est tout simplement horrible.

Bref Más madera est donc globalement une vraie déception. Qu’est-ce qui est donc passé dans la tête de Rosendo Mercado lorsqu’il a opté pour ce son de guitare ? C’est d’autant plus rageant que, même si la folie du premier album avait disparu, de nombreuses compositions semblent bonnes et même mieux construites que celles du premier. Avec la fougue et le son du premier album et les compositions plus accrocheuses de celui-ci, on aurait un excellent album. Mais voilà, en essayant de sonner à la fois contemporain et original, le guitariste a gâché son matériel. Rétrospectivement, celui-ci regrettera ce parti pris, blâmant le manque de temps de l’enregistrement pour avoir eu le recul nécessaire. Heureusement l’album live qui suivra permettra de revaloriser certains morceaux.

Titres:
1. Insisto
2. ¿Dónde está la salvación?
3. Sin solución
4. No voy más lejos
5. Como debe ser
6. ¡Sí señor, sí señor!
7. Cucarachas
8. La noche de que te hablé
9. Calendario
10. Apágalas
11. Lo que acabas de elegir

Musiciens:
Rosendo Mercado: Chant, guitare
Tony Urbano: Basse
Ramiro Penas: Batterie
+
Teddy Bautista: Claviers

Production: Teddy Bautista