La seconde partie des années 90 ont été synonyme de retrait pour Alice Cooper. Après l’échec commercial (mais pas artistique) de son album The Last Temptation en 94, Alice n’a pas sorti d’album. Sans doute, le croquemitaine sentait que les années grunge n’étaient pas pour lui. Paradoxalement Alice jouissait du statut de légende vivante. Les quelques concerts proposés entre 97 et l’an 2000 faisaient le plein.

Alors quel a été le déclic?

Pour la préparation de la bande originale de la mythique série X Files, Alice Cooper a collaboré avec Rob Zombie pour proposer un titre « Hands of Death » aux forts relents industriels. Cette expérience a été suffisante pour relancer l’inspiration perdue. Ainsi notre croquemitaine préféré appellera à la rescousse Bob Marlette pour proposer ce qui sera son 21e album studio Brutal Planet.

Cet album, où le Coop adopte des sonorités modernes s’inscrit parfaitement dans l’ère de son temps. Le son est effectivement très industriel avec une grosse production. Les grattes sonnent très heavy. Les compositions sont globalement très alambiquées et paradoxalement épurées. L’autre chose qui frappe ici, c’est que la patte Alice est immédiatement reconnaissable. On y retrouve toujours un savoir faire unique très personnel. Donc oui, ce virement industriel lui allait comme un gant. Et puis comme d’habitude Alice a su s’entourer de musiciens qui tuent comme Eric Singer et Ryan Roxie par exemple en tant que mercenaires idéals pour proposer un contenu solide. Enfin, Alice a proposé un concept fort en guise de trame directrice. Ici il s’agira d’une vision très pessimiste du futur. En gros imaginons que dans 30 ou 40 ans, les gens ne croiront plus en la démocratie, en l’éducation et dans les sciences. Seul l’individualisme prime avec son lot de drames et d’horreurs. Tiens, on est en 2021 quand j’écris cette chronique on en est pas loin…

Sans que ce Brutal Planet soit un chef d’oeuvre, cet album est très bon. Alice a su varier les ambiances et les tempi sur les 11 compositions proposées ici. Quelques unes se démarquent comme tout d’abord la chanson très martiale « Brutal Planet » qui plante de le décors. « Wicked Young Man » avec son côté plus appuyé. « Blow Me A Kiss » qui semble être la réponse d’Alice Cooper au Marylin Manson période Antichrist. « Gimme » est sans doute plus accrocheuse avec ce refrain répété avec cette voix de maniaque, sans doute pour mieux nous manipuler. « Pick Up The Bones » renoue avec une certaine tradition de chansons posées ô combien dérangeantes proposées le Coop depuis les années 70. On ajoute au tout cette ballade « Take It Like A Woman » aux relents très Beatles fait le job tranquille. Enfin la dernière est la très rock « It’s The Little Things » où l’on reconnait entre mille la marque de fabrique made Coop. Cette chanson, arrangée autrement, aurait pu être une arme de destruction massive passée à la moulinette « groupe garage 70s venant de Detroit.. Les autres compositions sont sans doute moins fortes mais sont très agréables à l’écoute.

L’inspiration retrouvée, Alice Cooper continuera dans cette veine avec l’album Dragontown, véritable suite de Brutal Planet.

Tracklisting:
01.Brutal Planet 4:40
02.Wicked Young Man 3:50
03.Sanctuary 4:00
04.Blow Me a Kiss 3:18
05.Eat Some More 4:36
06.Pick Up the Bones 5:14
07.Pessi-Mystic 4:56
08.Gimme 4:46
09.It’s the Little Things 4:11
10.Take It Like a Woman 4:12
11.Cold Machines 4:14

Musiciens:
Alice Cooper – chants
Bob Marlette – guitare rythmique, basse & clavier
Phil X – guitare
Ryan Roxie – guitare
China – guitare
Eric Singer – batterie

Producteur: Bob Marlette

Label: Spitfire

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