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Si le nom de British Lion ne vous évoque pas grand-chose, il est fort probable que celui de son créateur et bassiste vous parle davantage puisqu’il n’est autre que Steve Harris.

Après avoir fondé Iron Maiden en 1975, un des plus hauts représentants de la NWOBHM, il faut croire que plus de quarante ans après, la volonté de sortir un peu de son carcan maideinien a titillé son leader puisqu’en 2012 Steve décide de monter son projet solo accompagné de quatre musiciens et chanteur inconnus : Richard Taylor au chant, David Hawkins aux guitares et claviers, Grahame Leslie aux guitares et Simon Dawson à la batterie.

Le premier album intitulé British Lion sort cette même année sous le nom de Steve Harris mais malheureusement il n’obtiendra pas le succès escompté, la plupart des critiques lui trouvant tous les défauts du monde. Pourtant c’est un bon album mais … de Rock, tirant parfois sur le Hard Rock mais certainement pas Metal. Certains espéraient et attendaient un Maiden bis, ils en ont été pour leurs frais et une immense frustration. Les réactions n’auraient sans aucun doute pas été les mêmes si un autre instrumentiste que Steve avait été à l’origine du groupe. Il en va de même pour les comparaisons hâtives et inutiles entre les deux formations.

Steve trop occupé avec les tournées de La Vierge De Fer, il faudra attendre près de huit ans avant que British Lion (c’est à présent un groupe à part entière) ne sorte ce deuxième opus. Et autant le dire tout de suite, même si certains cherchent toujours à y déceler l’empreinte de géant britannique, il n’a encore que très peu de choses en commun avec Iron Maiden en dehors de la patte si caractéristique de notre bassiste et peut être le titre « Last Chance » qui il est vrai s’en rapproche pas mal.
Mais à mon sens c’est le seul même si le premier single « Spit Fire » sorti il y 18 mois est un clin d’œil appuyé au premier groupe de Steve Harris. Pour rappel le Spit Fire est cet avion britannique innovant pour l’époque, qui a sans doute permis aux anglais de remporter la fameuse « bataille d’Angleterre » pendant la seconde guerre mondiale et dont le titre « Aces High » d’Iron Maiden conte les exploits (Powerslave, 1984). Aucune ressemblance avec « Aces High » mais un rythme enjoué et une belle mise en bouche qui déjà laissait présager un album sympathique, pour une composition Heavy sur des riffs saccadés.

Dès les premiers morceaux la différence est flagrante avec l’opus précédant, bien plus en retenue et sombre. D’abord, outre son atmosphère, il est mieux produit avec un mixage parfait qui met chacun en valeur et évidemment la basse est bien mise en avant, avec un jeu moins rapide que dans Iron Maiden puisque parfaitement adapté au type de musique voulu par British Lion.

Ce qui frappe aussi, ce sont des guitares plus massives et agressives, moins en retrait. Et ça attaque assez fort d’entrée sur un dynamique « City of Fallen Angels », ce type de morceau qui donne envie de rouler en trombe et vitres ouvertes sur une route droite, cheveux au vent etc….. mais ne nous égarons pas. Le solo de guitare y est excellent comme ils le sont sur tout l’album qui leur donne une large place.
Les plus ébouriffants sont à mon avis sur un des meilleurs morceaux, « Father Lucifer » à l’air légèrement oriental qui me rappelle un peu Alter Bridge. La basse de Steve y a également son solo et emporte tout sur son passage aidée d’une batterie et guitare rythmique du feu de Dieu. Ce titre tue!
Les guitaristes sont donc à la fête comme sur l’éponyme et galopant « The Burning », où les riffs sont particulièrement mordants sur une mélodie au refrain à l’irlandaise. Je pense que c’est un morceau que n’aurait pas renié Thin Lizzy et que Phil Lynott aurait très bien pu chanter.

On le voit, Steve et sa bande ont décidé de « metaliser » leur propos et de réintroduire une touche Heavy dans leurs compositions écrites à trois mains pour la plupart comme sur le premier album. The Burning navigue donc entre Rock, Hard Rock et Heavy sans pour autant oublier l’importance de la mélodie sur des couplets et des refrains qui se révèlent souvent très accrocheurs, « Elysium » par exemple, plus calme mais vraiment prenant avec un superbe pont saisissant de sensibilité notamment grâce au chant de Richard Taylor que beaucoup se sont acharnés injustement et à tort à comparer à Bruce Dickinson, pour mieux le descendre.

Son chant au timbre légèrement cassé n’est pas exceptionnel, mais il est posé, colle parfaitement à la musique et sans chercher à en faire des caisses Richard s’en tire très bien. Personnellement je préfère ce type de chanteur dont la technique n’est pas forcément au point mais qui savent compenser ce manque par une passion et une émotion qui transparaissent dans leur interprétation. Il n’y a qu’à écouter « Elysium » déjà cité, ou « Legend » pour s’en convaincre, titre plus Rock Us que Metal sur lequel Richard nous gratifie d’une belle prestation avec quelques montées dans les aigus sur le refrain ou encore la très jolie ballade « Native Sun » qui clôture l’album, chantée avec beaucoup de feeling et soutenue par un beau texte.

Je pourrais citer tous les morceaux, je ne vous ai décrit que ceux qui m’ont le plus touchée, mais « Lightning », « Land of the Perfect People » ou « Bible Black » sont aussi très bons. En fait cet album est vraiment excellent et il saura vous convaincre pour peu que votre esprit s’ouvre et que vous vous reteniez de vouloir comparer British Lion à Iron Maiden. Il faut prendre le projet de Steve Harris pour ce qu’il est: une volonté de montrer une autre facette de son art et de son talent de composition. Pour ma part j’espère un troisième album et pas dans huit ans!

Tracklisting:
1. City of Fallen Angels
2. The Burning
3. Father Lucifer
4. Elysium
5. Lightning
6. Last Chance
7. Legend
8. Spit Fire
9. Land of the Perfect People
10. Bible Black
11. Native Sun

Musiciens:
Steve Harris: basse
Richard Taylor : chant
David Hawkins : guitare, claviers
Grahame Leslie: guitare
Simon Dawson : batterie

Production: Steve Harris

Label: Explorer1 Music/Warner Music

Date de sortie: 17 janvier 2020