Somewhere In Time et Seventh Son Of A Seventh ont achevé l’évolution d’Iron Maiden d’un groupe de Heavy Metal « basique » vers un groupe de Heavy Metal progressif. Pourtant, Steve Harris décide pour l’album suivant de revenir à un style plus directe. Peut-être le bassiste était-il influencé par le climat de l’époque qui voyait de nombreux groupe (re)durcir leur son. Quoiqu’il en soit, cette décision n’enchante pas le guitariste Adrian Smith qui y voit un retour en arrière dans leur évolution. Déjà déçu des prestations du groupe lors de la dernière tournée, cela contribue à l’éloigner encore plus du reste du groupe et se sentir l’aspiration d’une carrière solo. Assurant Harris qu’il continuerait à se consacrer à Maiden à 90%, il se vit montrer la porte par le leader sous prétexte que l’engagement des membres envers le groupe devait être total. A l’écoute de No Prayer For The Dying, on peut cependant considérer que le guitariste n’avait pas tort d’avoir des doutes sur un retour au style des débuts. Les musiciens avaient évolués en tant que musiciens et individus et tout retour en arrière ne pouvait donc être qu’artificiels. La rage de jeunes loups crève la faim était difficilement reproductible par des trentenaires qui connaissaient un énorme succès depuis des années. De ce fait, l’album donne souvent une impression d’être sans âme et sans grande inspiration.
Pourtant cela démarrait plutôt bien avec « Tailgunner »: bon riff, la voix de Dickinson se fait moins lyrique sur les couplets et plus hargneuse. On retrouve toujours le style Maiden, même s’il manque un je ne sais quoi pour en faire un grand classique. Cela se complique ensuite avec « Holy Smoke »: ligne de chant peu mémorable, parties de guitare quelconques voire mollassonnes malgré la volonté d’avoir un côté punchy (un comble). Il est surprenant que le titre soit sorti en single alors qu’il est un des plus faibles de cette époque de Maiden. Le début de « No Prayer For The Dying » fait penser à « Infinite Dreams » sur l’album précédent, mais il est indéniable que le niveau est un cran dessous. Les guitares dansantes rappelant Wishbone Ash (une influence majeure du groupe, faut-il le rappeler) préfigurent de nombreux titres des années 90. Pas mauvais, mais loin d’être incontournable. « Public Enema Number One » et « Fates Warning » malgré une certaine fougue et quelques bonnes idées ne marquent pas particulièrement. On aurait été plus indulgent pour un autre groupe, mais Maiden nous avait habitué à mieux. Ce n’est pas « The Assassin » qui va relever le niveau avec ses reprises de plans déjà utilisés par le passé avec des résultats plus heureux. Ici, le rendu est limite bancal. Quant à « Run Silent Runt Deep », il ne marquera pas beaucoup plus les esprits. « Hooks In You » et son riff rock n roll vient soudainement remettre les pendules à l’heure alors qu’on ne s’y attendait plus. Ô surprise, le titre est co-écrit par Adrian Smith et Bruce Dickinson, preuve que le guitariste était essentiel à la qualité des albums à l’époque. Seul reproche, la façon de chanter trop hargneuse de Dickinson alors qu’un aspect lyrique aurait mieux convenu. Le groupe aurait mieux fait de choisir ce titre comme single à la place de « Holy Smoke », mais évidemment cela aurait décrédibilisé leur décision d’avoir viré Adrian.
Mais le véritable chef d’œuvre c’est une composition de Dickinson, initialement enregistrée en solo pour un des énième volet des aventures de Freddy Krueger, « Bring Your Daughter To The Slaughter ». Steve Harris avait sans doute bien senti que le niveau était quelques crans au dessus du matériel qu’ils avaient pour insister pour la réenregistrer avec Maiden. Un titre qui ne sort plus de la tête, immédiat et en même temps plein de petites trouvailles sympas. Ce n’est pas pour rien qu’il deviendra le seul titre de Maiden à monter à la première place des charts britanniques. Hélas c’est le décevant « Mother Russia » qui termine l’album. La volonté d’écrire un titre épique (comme généralement pour terminer les albums de Maiden), s’oppose à la volonté de n’écrire que des morceaux courts. Ainsi, les parties instrumentales seront très intéressantes tandis que les parties chantés sur fond musical imitant assez grossièrement la musique folklorique russe passent assez mal. Au final, on a un titre assez bancal alternant le très bon et le très mauvais.
No Prayer For The Dying n’ouvre pas les années 90 de la meilleure manière pour Iron Maiden et est symptomatique de ce qui seront les albums de cette décennie: quelques (très) bons titres pour beaucoup de remplissage. Et si le tire sera vaguement corrigé sur l’album suivant, les grandes heures du groupe étaient désormais derrière eux.
Tracklist:
1. Tailgunner
2. Holy Smoke
3. No Prayer For The Dying
4. Public Enema Number One
5. Fates Warning
6. The Assassin
7. Run Silent Run Deep
8. Hooks In You
9. Bring Your Daughter…To The Slaughter
10. Mother Russia
Musiciens:
Bruce Dickinson: Chant
Dave Murray: Guitare
Janick Gers: Guitare
Steve Harris: Basse
Nicko McBrain: Batterie
Producteur: Martin Birch
Peut être l album le plus faible du groupe. Seulement 2 ou 3 bonnes chansons. Le reste est anecdotique
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Après on notera que le chant de Bruce est plus eraille à partir de cet album. Façon de chanter qui curieusement disparaîtra à partir de brave new world.
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perso l’album le moins bon du groupe.
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Pas d’accord avec toi très cher. Je pense que les moins bons albums du groupe sont à chercher dans leurs dernières production. Par contre le disque est effectivement moyen. J’ai toujours pensé qu’en compilant celui-ci et Fear of the Dark (qui contient aussi son lot de titres très moyens) on arrive à un album du niveau des classiques des années 1980. J’en avais d’ailleurs parlé sur le forum :
« No Prayer for the Dark », publié en 1991 dans un monde parallèle :
Face A :
Be Quick or Be Dead
Holy Smoke
Afraid to Shoot Strangers
The Assassin
From Here to Eternity
Face B :
Tailgunner
Run Silent Run Deep
Wasting Love
Bring Your Dauhter to the Slaughter
Fear of the Dark
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je me suis refait une grosse cure dernièrement et le moins bon c’est « the final frontier », pas grand chose à sauver et j’ai pris plus de plaisir à écouter « no prayer » (auquel j’avais ajouté les 4 face B inedites de l’époque) que certain des derniers effectivement, mais la c’est plus une question de gout ou de nostalgie.
Sinon d’accord pour fear of the dark album moyen également, même si un chouia meilleurs.
MAIS pour remettre dans le contexte de l’époque, on nous l’annoncer comme un retour à number of the beast musicalement, fini les long morceaux de 13 mn et au final, pétard mouillé.
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