R-2850785-1340390086-5648.jpegPour beaucoup d’entre nous, le Portugal se résume au Fado, la musique traditionnelle du pays, au vin de Porto et à quelques autres clichés forcément réducteurs, en tout cas, pas au métal… J’avoue humblement que c’est ce que j’avais en tête lorsque j’ai découvert DIVINE LUST à travers leur MySpace. Le groupe s’auto-qualifie de métal mélodique et mélancolique, proche du doom. J’étais à cent lieues d’imaginer la surprise colossale qui m’attendait à l’écoute de l’album que j’avais commandé.

On pourrait verser au compte de DIVINE LUST le slogan d’un vin de Porto, qui affirmait qu’il venait du pays « où le noir est couleur ». Cette image est magnifiquement illustrée par la musique de ce groupe. Intégrant des éléments tout à fait « métalliques », ils les enrichissent des trésors de l’identité portugaise, en particulier du Fado ainsi que d’apports méridionaux, voire orientaux. Et ce n’est pas une coïncidence si Fado vient du latin fatum : destin, prédestination, un des thèmes récurrent du doom. Attention cependant, il ne faut pas se contenter d’étiquettes. Si DIVINE LUST est proche du Doom dans la démarche, ils ne partagent pas tous ses aspects brutaux.

DIVINE LUST nous délivre une musique sombre, parfois à la limite du désespoir, traversée d’éclairs lumineux, apportés par un violon, une guitare portugaise, une voix féminine ou même des chants grégoriens sur « The Son That Never Was ». L’autre particularité est l’incroyable richesse des morceaux. C’est toujours déroutant, soutenu par la voix de Filipe GONCALVES, tour à tour lyrique et gutturale. Les constructions refusent les schémas établis avec des breaks surprenants, des accélérations inattendues et l’apport d’instrumentations inédites. A chaque écoute, je fais une découverte dans cet album, ce qui pour moi est le signe des œuvres d’exception.

Tous les morceaux ont leur identité propre, leur place sur l’album. Et s’il fallait n’en garder qu’un, ce serait torture. Le groupe semble mettre en avant « Veils Of Golden Leaves », de mon côté je préfère « The Son That Never Was » que j’ai eu énormément de mal à départager de « Duskful Of Bliss », « Mourningful of Misery ».

Si je pouvais me permettre une suggestion pour sublimer le prochain album de DIVINE LUST, je dirais qu’il serait idéal que la voix soit plus variée. Je m’explique. Sur beaucoup de morceaux, j’ai l’impression que la façon de poser la voix est la même. Le contraste est flagrant avec « Harvest », la démo de 2004 que j’ai eu la chance d’écouter ; il y a plus de variété dans le ton, en particulier, l’utilisation plus fréquente de cette voix gutturale qui donne un relief inattendu. Il y a, sur le début de « Selling My Soul » une façon très agressive de chanter, en portugais, d’ailleurs, qui fait merveille.

Voila, pour conclure, c’est sombre et lumineux, doux et fort, parfois rêche. Cette musique est d’une complexité à faire pâlir d’envie les groupes de prog’ les plus hardis, d’une richesse incroyable. Et par dessus tout, d’une beauté très pure. Allez, un vœu? Voir DIVINE LUST en concert, et, rêvons jusqu’au bout, partageant l’affiche avec PARADISE LOST, par exemple.

Auteur: Metalefice

Tracklist:
1. The Resurrection
2. Secret Weapon
3. Divinefire
4. Hero
5. United As One
6. Leaving The Shadows
7. Open Your Eyes
8. New Beginning
9. Cryptic Passages
10. The Show Must Go On

Musiciens:
Filipe Gonçalvez-Chant, guitare
João Costa-Batterie
António Capote-claviers
Ricardo Pinhal- guitares